Le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ) s’invite dans la campagne électorale canadienne pour convier les différents partis politiques fédéraux à faire connaître leurs intentions en matière de lutte à l’analphabétisme.
Au Canada, 16,5 % de la population adulte âgée entre 16 et 65 ans ont de grandes difficultés avec la lecture. Au Québec, c’est plus d’un million de personnes, soit 19 % de la population adulte, qui est aux prises avec de telles difficultés. La situation s’est d’ailleurs détériorée au cours de la dernière décennie dans l’ensemble du Canada. En effet, plus d’adultes canadiens se trouvent dans les niveaux les plus bas de l’échelle de littératie, telle que définie par le Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA).
Le bilan des années Harper en matière de lutte à l’analphabétisme : tout simplement catastrophique!
« Il n’est pas surprenant de constater que la situation s’est détériorée au cours des dix dernières années, puisque cette décennie a été marquée par une série de décisions qui ont eu pour effet de grandement affaiblir les organisations dont la mission est de lutter contre l’analphabétisme à travers le Canada », affirme Christian Pelletier, coordonnateur du RGPAQ.
En plus de compressions de l’ordre de 17,7 millions de dollars dans le financement annuel d’initiatives contribuant à améliorer le niveau de littératie de la population canadienne, le gouvernement conservateur de monsieur Harper a procédé à un virage idéologique au plan de ses priorités. « Au Canada, tout comme au Québec d’ailleurs, il est de plus en plus difficile d’entreprendre une démarche d’alphabétisation si l’objectif ne vise pas avant tout un retour à court terme sur le marché du travail », déplore monsieur Pelletier. « Même si améliorer leurs chances d’obtenir un emploi constitue un objectif important pour nombre d’adultes peu alphabétisés, il ne constitue pas leur seule motivation. D’autres raisons tout aussi fondamentales et qui suscitent un retour en formation sont invoquées par ces adultes » poursuit le coordonnateur du RGPAQ.
Il est à noter que les fonds auparavant investis par Ottawa au Québec, de l’ordre de près de 5 millions de dollars annuellement, servaient à soutenir la réalisation de la mission d’un nombre important d’organismes, dont les groupes d’alphabétisation populaire. De nombreux projets visant notamment le développement de stratégies pour augmenter le taux de participation à une démarche d’alphabétisation populaire ont pu être réalisés au cours des années. Les précieux fonds perdus n’ont malheureusement jamais été récupérés ou remplacés. Cela est sans compter le fait que le programme actuel du gouvernement fédéral, servant à financer des initiatives en matière de rehaussement des compétences des adultes, n’est plus accessible à une multitude d’organismes dont la mission est de soutenir ou de réaliser de telles initiatives.
Que nous réserve l’avenir?
La voie empruntée par le gouvernement Harper en matière de lutte à l’analphabétisme n’est clairement pas judicieuse face à l’ampleur du problème et de ses conséquences en regard du développement humain, social et économique du pays. « Il est plus qu’urgent que les partis politiques qui aspirent à diriger le pays fassent de la lutte à l’analphabétisme une priorité et qu’ils annoncent haut et fort leur plan pour y parvenir » conclut monsieur Pelletier.
Le RGPAQ est un organisme voué à la promotion et au développement de l’alphabétisation populaire et des groupes populaires en alphabétisation ainsi qu’à la défense des droits des adultes peu alphabétisés. Il partage avec l’ensemble du mouvement de l’action communautaire autonome la vision d’une société juste, égalitaire et démocratique.