Récemment dans une interview à la radio CIBL, Paul Bélanger, professeur de l\’UQÀM, mentionnait la Suède et l\’Allemagne comme des exemples à imiter dans le domaine de l\’éducation populaire. « Ça développe la compétence citoyenne qui est aussi importante que la compétence occupationnelle », soulignait-il.
On a donc décidé d\’aller chercher de l\’information sur le modèle suédois. La vision du pays scandinave pourrait encourager le gouvernement québécois à agir autrement, devant la menace d\’expulsion qui plane sur les six centres d\’éducation populaire à Montréal.
Les origines
La Suède chérit une longue histoire d\’éducation publique qui date du XIXe siècle. Les premières écoles populaires ont été créées en 1868. Au début du dernier siècle, des personnes exclues de l\’éducation supérieure qui voulaient continuer leur apprentissage et participer aux débats sociaux se sont organisés en cercles d\’étude. Le concept de « folkbildning » (formation publique) est alors né.
Encouragés par divers mouvements politiques et sociaux, les gens se réunissaient pour lire, parler et étudier ce qu\’ils voulaient. C\’était aussi une occasion pour s\’opposer à l\’intervention croissante de l\’état dans la vie privée des Suédois.
Comment ça fonctionne?
En Suède il y a 150 écoles supérieures populaires, gérées par plus d\’une centaine d\’organisations communautaires et d\’autres groupes de la société civile. Elles ne suivent pas un programme centralisé et peuvent donc adapter le contenu de leurs cours à la population desservie. Certaines formations amènent les élèves à poursuivre des études à l\’université.
En plus, 10 associations d\’études offrent des ateliers dans les matières les plus diverses. Des petits groupes de personnes participent aux cercles d\’étude, dans lesquels ils apprennent des langues étrangères, l\’histoire, les arts plastiques, la musique, la danse, la menuiserie et même des affaires un peu dréles comme la survivance après une catastrophe zombie. Ces cercles organisent aussi des événements culturels ce qui contribue à la vie des quartiers partout au pays.
Selon Statistique Suède, 270.000 ateliers sont organisés chaque année. Plus de 1,7 millions de personnes y participent, c\’est-Ã -dire, environ un cinquième de la population.
Le soutien du gouvernement
L\’éducation populaire en Suède compte sur l\’appui du gouvernement. Selon le site web du parlement suédois, l\’État contribue donc à cette formation pour développer la démocratie, promouvoir la diversité et l\’engagement auprès des communautés, diminuer les inégalités éducatives et accroître la participation des citoyens à la vie culturelle.
Dans son budget 2015, Stockholm a alloué 3,6 milliards de couronnes suédoises (quelques 530 millions de dollars canadiens) Ã l\’éducation populaire. Cet argent est géré par le Conseil national de l\’éducation des adultes, qui représente les écoles supérieures populaires et les associations d\’études. Ce montant n\’a cessé d\’augmenter au moins depuis cinq ans.