Face aux hausses de loyers imposées par la CSDM, des groupes locataires (groupes communautaires et CPE) se sont rassemblés devant le siège social de la CSDM (3737 rue Sherbrooke Est). Ils ont symboliquement déchirés des baux et une grande bannière de papier. Plusieurs groupes se sont engagés à ne pas signer les nouveaux baux afin de s’opposer aux hausses qui mettent en péril leurs activités. Lors du conseil des commissaires de mai dernier, une déclaration signée par plus de 35 groupes a été déposée, demandant à la CSDM de revenir sur sa décision d’imposer des hausses de loyer pouvant dépasser 100%.
« En attendant qu’une solution viable soit trouvée pour les groupes communautaires, les CPE et la CSDM, nous demandons à la CSDM un moratoire de 3 ans minimum sur les hausses de loyer. » affirme Simon Ambeault du Carrefour populaire de St-Michel.
Dans les groupes, les hausses de loyer se traduiront par des mises à pied, des coupures d’activités et de services. On parle de services aux aînés, aux familles défavorisées, aux personnes assistées sociales et immigrantes, et de la qualité des services aux tout-petits en CPE.
Près de 80 groupes communautaires et CPE sont locataires de la commission scolaires de Montréal. Ayant longtemps offert un tarif de location très bas ou parfois gratuit, en conformité avec la mission sociale qui incombe à toute instance publique, la CSDM a plutôt décidé de rentabiliser ses bâtiments excédentaires en faisant payer les groupes. La nouvelle grille tarifaire fait passer, par exemple, les groupes d’action communautaires autonomes de 4,50$ (et parfois moins) le pied carré à 9$. La CSDM a également décidé de modifier sa façon de calculer le nombre de pied carré loué aux groupes, ajoutant un 25% supplémentaire à la facture. Dans le cas des CPE, le montant réclamé à terme par la CSDM dépasse les allocations allouées par Québec. Pour le centre de femmes Madame Prend Congé, le loyer annuel passera de 15 000$ en 2015 à 37 500$ dans quelques années. Pour les 6 centres d’éducation populaire, la CSDM réclamera dans 3 ans des loyers supplémentaires totalisant 550 000$. Notons que la plupart des groupes sont financés par le gouvernement du Québec, et que leurs subventions ne sont même pas indexées.
« Nous reconnaissons que la CSDM a besoin de financement pour ses bâtiments excédentaires, mais elle doit trouver des solutions acceptables pour tout le monde, au lieu d’instrumentaliser les organismes communautaires en les mettant au pied du mur avec des loyers qu’ils ne peuvent pas payer » renchérit Nathalie Berthélemy du Club populaire des consommateurs de Pointe-Saint-Charles.
S’ajoute à ces hausses les menaces de reprise de bâtiments pour les besoins scolaires. Les groupes déplorent le manque de collaboration de la commission scolaire, qui dit pourtant vouloir agir en partenaire. Les groupes dénoncent plutôt les annonces de dernières minutes, le manque de transparence et parfois même de justifications de certaines décisions, les rumeurs et les nombreux changements de cap. Des solutions concertées doivent être mises de l’avant afin d’assurer la survie des groupes montréalais et des services aux populations les plus pauvres. La CSDM travaille-t-elle avec le milieu ou contre lui?
Les groupes souhaitent l’intervention du ministre de l’Éducation, afin qu’il rappelle à l’ordre la CSDM. « Favoriser l’occupation des bâtiments par les groupes communautaires, ça fait partie de la mission des commissions scolaires. Quand les décisions d’une commission scolaire ont comme conséquence la disparition de services essentiels pour les personnes défavorisées de Montréal, il faut qu’il y ait quelqu’un, quelque part, qui arrête l’hémorragie » précise Marie-Andrée Painchaud du Carrefour d’éducation populaire de Pointe-Saint-Charles.